La joie d'être soi avec Ramana Maharishi

La Joie d'être Soi
 

"Ce qui s'élève dans ce corps en tant que " je " est le mental. Si l'on interroge d'où émerge en premier lieu la pensée " je " dans le corps, on découvrira que c'est du Cœur. C'est là la source du mental. Même en pensant continuellement " je, je ", on sera conduit à cet endroit. La pensée " je " est la première de toutes les pensées qui apparaissent dans le mental. Ce n'est qu'après sa naissance que les autres pensées s'élèvent. En d'autres termes, ce n'est qu'après l'apparition du premier pronom personnel que le deuxième et le troisième pronom apparaissent ; en l'absence du premier, le deuxième et le troisième ne peuvent exister."
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"En vérité, seul le Soi existe. Le monde, l'âme individuelle et Dieu ne sont que des apparences dans le Soi, comparable à l'argent dans la nacre. Ils apparaissent et disparaissent simultanément. Le Soi est là où il n'y a pas la moindre pensée " je ". Cela est appelé " Silence ". Le Soi lui-même est le monde ; le Soi est " je " ; le Soi est Dieu ; tout est Shiva, le Soi."
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"Dieu n'a pas d'intention et aucun karma n'adhere à Lui ; tout comme le soleil qui reste insensible aux activités du monde, ou l'éther qui se répand partout sans être influencé par les aspects positifs ou négatifs des quatre autres éléments."
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"En vérité, seul le Soi existe. Le monde, l'âme individuelle et Dieu ne sont que des apparences dans le Soi, comparable à l'argent dans la nacre. Ils apparaissent et disparaissent simultanément. Le Soi est là où il n'y a pas la moindre pensée " je ". Cela est appelé " Silence ". Le Soi lui-même est le monde ; le Soi est " je " ; le Soi est Dieu ; tout est Shiva, le Soi."

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"Toutes les Écritures sont d'accord sur le fait que, pour obtenir la libération, le mental doit être tranquille ; une fois que l'on a compris que l'essence de leur enseignement est de rendre le mental tranquille, il devient futile de faire des études interminables. Pour arriver à une telle tranquillité il suffit de chercher en soi-même ce qu'est la nature du Soi. Cette recherche, comment peut-on la mener dans les livres ? On ne peut connaître le Soi que grâce à son propre œil de Sagesse.  Arrivera le moment où il faudra oublier tout ce que l'on a appris."
  

Celui qui aspire à connaître sa vraie nature
doit d'abord comprendre ce qui lui masque la réalisation de son être profond.
L'obstacle est le mental.
La pensée nous attache aux choses perçues.
Le mental s'identifie, par erreur, aux objets : «je suis ceci», «je suis cela».
Or toute identification, est transitoire, par conséquent sans réalité pure.
Libéré de ces mécanismes mentaux, une grande joie jaillit.

La Joie d'être soi
 
 L'être humain est libre et joyeux, en profondeur, mais certaines zones éronnées de son mental perturbent le bien-être naturel.
 
Cependant, nous pouvons nous dégager de nos conditionnements limitants, pour accéder à un véritable épanouissement. Mais cela exige une détermination forte et quelques conditions spécifiques.                                                                                                   
 Oui, la paix  est en nous, l'intuition est une faculté innée, mais elles se manifestent plus librement avec la pratique des attitudes de vivance. 
 
À travers l’expérience vécue et la présence à soi, nous apprenons à gagner en intelligence, en conscience et en amour.
 
Ce processus dissout l’ignorance de nous-mêmes et révèle la joie d'être soi.  
 
 
"  ll  faut savoir aussi écouter son cœur, ressentir les mots. Chaque réelle prise de conscience éveille une joie intérieure. Plus on s’approche du réel, plus la joie se libère."

" L’Eveil est inséparablement lié à a cessation de l’identification au moi. L’Eveil équivaut à la cessation du chercheur. Cette expérience est aussi provisoire dans sa transcendance (sinon il n’est plus possible de faire quoi que ce soit), mais elle produit une transformation radicale. L’Eveil conduit à la métamorphose de la structure du mental. "




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Le Soi est la conscience qui apparait lorsque le moi disparait
Elle n'est pas localisé quelque part,
Elle est vide
et lumière en même temps

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Ramana Maharshi 
*
 Sri Ramana Maharshi, le grand sage indien de la colline Arunachala a enseigné que, puisque Dieu est Un sans second, et il est présent partout, il pourrait être trouvé directement en s'interrogeant et en réfléchissant sur son propre sentiment d'être et d'existence.
Sri Ramana a une fois souligné que dans la Bhagavad Gita (Le chant de Dieu), il est dit: "Je suis dans le cœur de tous les êtres". Par conséquent, la conclusion logique de la philosophie advaïtine comme expliqué par Sri Ramana est que si nous voulons trouver Dieu, nous devons examiner dans notre cœur, notre propre sens de soi et l'identité car elles ont leurs origines en Dieu et en sont inséparables de Dieu.

"Ce qui est appelé " mental " est une merveilleuse force inhérente au Soi par laquelle toutes les pensées s'éveillent. En dehors des pensées le mental n'existe pas. Aussi la pensée constitue-elle la nature du mental."  (R.M.)

 


 (1879-1950). Jeune, il aimait le jeu, les sports et ne témoignait aucun intérêt spécial pour la religion ou la philosophie. A seize ans, alors qu'il se trouvait seul dans sa chambre, il fut saisi par une grande terreur de mourir. Il questionna avec une intensité extrême ce que signifiait pour lui d’être mort. Il s'allongea à même le sol : qu'est-ce qui se passe quand on est mort? Le corps meurt, les pensées aussi... Que reste-t-il alors? La réponse absolue le saisit et ne le quitta plus. Il connut alors une extase consciente où il toucha aux véritables sources du moi, à l’essence même de l’être qu'il appelait le Soi.
Voici ce qu'il en a dit à différentes occasions.

« Environ six semaines avant mon départ définitif de Madura, il se produisit dans ma vie un grand changement. Ce changement fut soudain. J'étais seul dans une des pièces du premier étage, dans la maison de mon oncle. Je n'avais été malade que rarement, et ce jour-là ma santé était excellente; mais je fus pris soudain d'une violente peur de la mort. Rien dans mon état ne la justifiait, et je n'essayai pas d'en découvrir la raison; je me contentai de l'éprouver. Je me disais: « Je vais mourir », et je me demandais que faire. Il ne me vint pas à l'esprit de consulter un médecin, ou l'un de mes amis. Je sentais qu'il me fallait résoudre moi-même le problème, et sur le champ. »

« Le choc causé par la peur de la mort forçait mes pensées à l'observation intérieure, et je me répétais mentalement, sans réellement formuler des paroles: « Maintenant que la mort est là, que signifie-t-elle ? Qu'est-ce que c'est que mourir ? C'est ce corps-là qui meurt! » Et aussitôt je dramatisais le fait de la mort. J'étais couché, les membres raides comme si j'étais mort réellement.

J'imitais la situation d'un cadavre pour donner à mon enquête une réalité plus grande. Je retenais ma respiration, et serrais les lèvres pour qu'aucun son ne put s'en échapper, pour m'empêcher de prononcer le mot « je », ou tout autre mot. « Bon! me disais-je, ce corps est mort. On l'emportera complètement rigide au lieu de sa sépulture, où on le brûlera et le réduira en cendres. Mais suis-je mort par cette mort de mon corps ? Mon corps est-il « moi » ? Il est silencieux et inerte, mais je sens la pleine force de ma personna
lité, et j'entends même la voix du « moi » au fond de mon être. Je suis donc un esprit qui transcende le corps. Le corps meurt, mais l'esprit, transcendant le corps, ne peut être touché par la mort. Ce qui veut dire que je suis un esprit immortel. »

« Ces pensées n'étaient pas obscures et ternes. Elles jaillissaient en moi telles d'éclatantes vérités, que je percevais directement sans que mes activités cérébrales fussent en jeu. Le « moi » était donc quelque chose de très réel, la seule chose réelle dans mon état présent, et toute l'activité consciente de mon corps se concentrait sur ce « moi ». Depuis cet instant, la puissance fascinante de c
e « moi » se plaça au cœur même de toute mon attention.
« La crainte de la mort avait disparu, et pour toujours. L'absorption dans le « moi » se poursuivit sans interruption. D'autres pensées passaient et disparaissaient, pareilles à diverses notes de musique, mais le « moi » demeurait comme la note fondamentale, sous-jacente à toutes les autres notes, et se confondant avec elles.
 
Cette expérience mystique le transforma complètement. 
Toute peur ou désir pour quoi que ce soit disparurent. Il réalisa le Soi et connaissait dès lors la distinction essentielle entre le corps mortel et la conscience immortelle.



 «Le Soi est là où il n’y a pas la moindre pensée «je».
Cela est appelé Silence.»
(R. M)


Dialogue avec Ramana Maharshi
- "Comment éviter la souffrance?"
- "Connais le Soi et accroche-toi constamment à Lui, répondit-il. Ignore le corps et le mental, car s'y identifier crée la souffrance. Plonge profondément dans le Coeur, et fais en ta demeure."

 
Dialogue avec Annamalai Swami
- Comment pouvons-nous reconnaître un jnani ?
- Pour le chercheur qui a acquis une certaine maturité, la présence d'un jnani se reconnaît essentiellement à ce signe : si le mental du disciple se calme sans le moindre effort, c'est un bon indice. Mais ce n'est pas un test valable ni probant pour tous. Si un chercheur débutant entre en présence d'un jnani, son mental restera probablement aussi agité que d'ordinaire. Pour le commun des mortels, il est très difficile de savoir qui est un jnani et qui ne l'est pas. Il n'existe aucun test qui fonctionne à tous les coups.
Cela me rappelle une histoire que racontait Ramakrishna. Assis à l'ombre d'un arbre, sur le bord d'une route, un sadhu était en samadhi.
Un homme qui cheminait par-là l'aperçut et pensa: « Il est probablement ivre. » Le sadhu était agité de légers tremblements que l'homme prit pour un tremblement d'alcoolique. Survint un second passant, mais le fil de ses pensées le mena à une différente conclusion « Cet homme a l'air heureux. Il attend sûrement sa fiancée. »
Le soleil se couchait quand un troisième homme apparut. Il remarqua la silhouette assise dans la pénombre et se dit: « C'est peut-être un voleur. Sans doute se cache-t-il sous cet arbre pour sauter sur !es passants et les détrousser. Je ferai mieux de l'éviter au cas où il serait dangereux. » Il fit un petit détour à travers champs pour se sentir plus en sécurité.
Peu après, vint un quatrième passant. C'était un chercheur spirituel confirmé et, dans l'ombre grandissante, il put discerner un halo de lumière autour de la tête du sadhu. « Il doit s'agir d'un être éveillé », songea-t-il. Alors il s'avança vers lui et se prosterna à ses pieds.
Les gens perçoivent les jnani à travers le prisme déformant de leur mental. Ils ne peuvent pas faire autrement. Si vous portez des lunettes jaunes, tout ce que vous verrez sera teinté de jaune. Changez la couleur de vos verres, et ce que vous percevrez changera aussi de couleur. Le jnani ne porte pas de verres ni de prismes déformants susceptibles d'obscurcir, de fragmenter ou d'altérer sa vision. En tout, il voit Dieu, son propre Soi. 

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Le corps et le mental nous permettent, grâce aux cinq sens, de communiquer avec l'extérieur. Support de l'incarnation le corps et le mental sont aussi l'écran opaque qui limite la lumière  alors qu'il devrait au contraire la laisser le traverser afin de se répandre dans la matière.
Lorsqu'est découvert le Soi et sa paix lumineuse, la vie est totalement transformée. C'est le quotidien qui est le terrain d'expérience et d'incarnation de la Vivance La Vivance  n'est pas un enseignement seulement pour l'esprit, mais un ensemble de pratiques, simples, qui préparent la conscience à la connaissance du Soi.

 La Vivance nous met en contact avec la dimension unitive de l’existence, qui est l'expérience du Soi. On pourrait aussi évoquer la Vivance comme le chemin de l'harmonie et du bonheur. A condition de bien comprendre le sens de ces mots.
La voie du Soi est une recherche de l'harmonie qui passe par une libération de l'ego.
Eprouver cette sensation d'harmonie est le but plus ou moins conscient que nous recherchons tous.

***
"Le mental est ce qui enchaîne l'homme et il est aussi ce qui le libère.
Le mental est constitué de sankalpas et de vikalpas (désirs et dispositions).
Il y a deux sortes de désirs : nobles et bas.
Les bas désirs sont luxure et avidité.
Les désirs nobles sont orientés vers l'illumination.
Les bas désirs contaminent et obscurcissent la compréhension.
Le calme est le critère du progrès spirituel.
Plongez le mental purifié dans le Coeur et le travail est terminé.
Ceci est l'essence de toutes les disciplines spirituelles." (Ramana)

Lire ou entendre un enseignement ne suffit pas pour conduire à l'état d'éveil !
Le mental peut se leurrer, le discours peut leurrer, la "performance" en stage peut illusionner.

 "Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas." 
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Le Soi évoque l'existence d'une conscience qui se manifeste spontanément lorsque nous évoluons, libéré de l'identification à l'ego.
Sans comprendre le Soi, à quoi bon comprendre le monde.
Sans la connaissance de l’Etre, la connaissance du monde est sans intérêt. 
Lorsque nous sommes parfaitement bien ajustés au mouvements de la vie, un absolu bien-être se manifeste en nous.
Nous pouvons le ressentir spontanément par exemple lorsque nous  tombons  amoureux, ou lorsque nous prenons une décision juste et importante, ou lorsque nous vivons un moment de plaisir intense, ou lorsque nous réussissons une épreuve pour laquelle nous avons investi beaucoup d'énergie, etc...
C'est une expression de la vie tout à fait naturelle.
Nous pouvons réveiller cette sensation en nous ajustant aux dynamismes de vie qui se manifestent à nous. Et cela passe par une démarche d'harmonisation et de dépassement de l'égo pour une ouverture du coeur.


"Le bonheur est la nature même du Soi ; le Soi et le bonheur ne sont pas distincts. Le bonheur ne se trouve dans aucun objet du monde. Du fait de notre ignorance nous croyons que les objets nous procurent le bonheur. quand le mental s'extériorise, il éprouve de la souffrance. En vérité, ses désirs une fois satisfaits, il retourne à sa source et jouit du bonheur qui n'est autre que le Soi. De la même manière, dans les états de sommeil, de samadhi et d'évanouissement, et quand l'objet désiré est obtenu ou l'objet indésirable éliminé, le mental se tourne vers l'intérieur et jouit du pur bonheur du Soi. Ainsi le mental erre sans cesse, tantôt il abandonne le Soi, tantôt il y retourne. Il est agréable d'être à l'ombre d'un arbre ; dehors, la chaleur du soleil est brûlante. Quand on s'est promené sous le soleil, on apprécie la fraîcheur de l'ombre. Celui qui n'arrête pas de passer de l'ombre au soleil et du soleil à l'ombre est un insensé. L'homme avisé reste toujours à l'ombre. De même, le mental de celui qui connait la vérité ne quitte jamais le Brahman [la réalité impersonnelle absolue]. Le mental de l'ignorant, au contraire, se mêle aux choses du monde et, se sentant misérable, il retourne vers le Brahman un court instant afin de goûter le bonheur. En fait, ce qui est appelé monde n'est autre que pensées. Quand le monde disparaît, c'est-à-dire quand il n'y a pas de pensées, le mental fait l'expérience du bonheur ; inversement, quand le monde apparaît il éprouve douleur et souffrance." (Vijayananda)


Selon Ramana, en apprenant à discerner ce qui est l'ego, nous atteignons le niveau de calme paix. Alors nous opérons selon le principe de l'effort minimal. Puisque le monde naturel suit ce principe, il ne fait pas d'erreurs. Les erreurs sont commises - par l'homme, en interférant et en forçant sans cesse sa nature.
Il n'y a plus d'inquiétude. Ce n'est plus l'ego qui fait.

Cela signifie que le sage ne s'impose pas sur les événements,  tout ce qui a besoin d'être fait est fait, le sage adapte son action d'instant en instant. Il est continuellement créatif.
          

Ainsi l'éducation à la sagesse non-duelle consistera à retrouver une liberté, une spontanéité, une authenticité, une créativité de chaque instant.De ce principe,  il signifie que les choses se produisent d'elles-mêmes, spontanément et naturellement juste, tant que l'ego n'interfère pas. Cela se perçoit comme une créativité instinctive et intuitive.

«Vous ne devez pas nous imiter servilement… Vous devez créer, créer, créer!».   (Sengoku Roshi)

Dialogue avec Ramana
- Puis-je méditer sur mon mental ?
Le mental de qui ?
- Mon propre mental.
Qui êtes-vous ? Découvrez-le, ainsi votre question se résoudra d'elle-même.
- Le Maharshi recommande de dépouiller le mental de toutes pensée.
Cela est en soi une pensée.
Quand toutes les pensées disparaissent, que reste-t-il alors ?
- Le mental est-il différent des pensées ?
Non. Le mental est fait de pensées. Mon idée est la suivante : Quand toutes les pensées ont disparu, comment puis-je alors concentrer mon mental ?


 


Q Certains voient dans le védanta un intellectualisme desséché. En quoi le védanta et l’amour sont-ils liés?
V : C’est un reproche qui a été souvent fait à ceux qui pratiquent exclusivement la voie de la Connaissance. Dans cette voie, l’élément intellectuel est utilisé au maximum par la pratique de la dicrimination entre ce qui est transitoire et ce qui est Réel, par l’observation du mental et la remontée à sa source, notre ‘moi’, ou bien aussi par la recherche du ‘qui suis-je?’ comme l’enseignait le grand sage Ra,ana Maharshi. Mais se llimiter seulement à l’élément intellectuel, c’est du faux védanta, c’est vouloir voler avec une seule aile. Il faut deux ailes por voler, et la deuxième aile c’est lélment affectif, c’est la bhakti. Le védantin en général n’adore pas de Dieu personnel (bien qu’il n’y ait aucun inconvénient à ce qu’il le fasse s’il en éprouve le besoin). Son amour est dirigé vers le Guru, pas la personne physique, mais celui qui est Jnana murti, l’incarnation de la Connaissance, Celui qui nous mène vers le Suprême Omniprésent, le Sans-Forme, l’Akshara Brahma qui est notre Soi réel. Pour le vrai védantin, l’amour qu’il a pour son Guru s’adresse à travers lui à cet éternel Omniprésent impérissable, qui n’est affecté par rien, pas même par la dissolution finale. C’est un amour d’une haute qualité qu’il faut avoir éprouvé pour savoir ce que c’est. En réalité, il n’y a pas deux voies différentes, celle de la Connaissance et celle de la Bhakti. Jnana et Bhakti spnt les deux aspects de la même sadhana, ils sont inséparables. Chez certains, jnana est en surface et Bhakti est dans les profondeurs; chez d’autres, c’est l’inverse.


Q : Quelle est la nature exacte de l'égo?
L'égo est cette entité (ahamkar en sanskrit) qui nous fait croire que nous sommes une personnalité différente des autres, qui nous donne le sens du 'moi', 'je suis'. Il est aussi la racine de notre mental sur laquelle toute la superstructure de nos pensées et émotions est basée; mais il n'est qu'une réalité empirique et n'existe qu'aussi longtemps que nous n'avons pas découvert le jeu de l'illusion qui le crée: Notre mental est une machine très compliquée mais qui n'a pas de conscience par elle-même. Le sommet du mental, c'est l'intellect (buddhi), la faculté qui décide et discerne entre ce qui doit être fait et ce qui ne doit pas être fait; mais l'intellect est dépourvu de Conscience, laissé à lui-même. Il est animé quand la Conscience pure, l'Atman, se réfléchit sur lui. Il devient alors cette entité composée qu'on appelle l'ahamkar, l'égo. Il participe à la nature  de l'Atman, c'est à dire Conscience-Bonheur, mais avec les limitations que lui donnent son support, le mental, ainsi que le corps pranique et physique.
 
Q :  N'y a-t-il pas de danger à constamment contrôler le mental?
V : Tout dépend de la méthode qu'on emploie. Il faut le faire avec beaucoup d'adresse en s'adaptant aux différentes variations du mental. C'est un peu comme un cavalier se comporte vis-à-vis d'un cheval qu'il veut dompter. Il faut le frapper et le brimer le moins possible. La répression de l'émotion doit être évitée autant que possible, mais dans certains cas elle est nécessaire et l'on ne doit pas prendre comme axiome qu'on ne doit jamais le faire. Il y a des circonstances où il est moralement et socialement nocif de céder à une émotion, ou à un acte défendu. Dans ces cas la répression est de rigueur, mais il n'y a aucun danger à contrôler le mental constamment. Le danger serait de lâcher le contrôle. Le mieux serait de traiter son mental comme un enfant qu'on aime et de lui faire comprendre ce qui est pour son bien. Le mental cherche toujours le bonheur et la paix, parce que c'est sa nature intime et il en est conscient; mais il cherche le bonheur dans la fausse direction, dans des images réfléchies comme sur le mirroir. Il faut lui faire comprendre son erreur. Et quand il l'aura compris il se comportera comme un ami et mettra toute son attention dans la bonne direction.
 
Q :  Mais qui contrôle réellement le mental?
V : Il faut distinguer entre contrôle du mental et extinction du processus de pensée. Le contrôle du mental consiste à tenir en échec les émotions négatives, la peur, le désir sexuel, l’avidité, l'angoisse, l'anxiété, la jalousie, etc...Ces émotions font partie du mental tamasique ou rajasique. Il faut donc cultiver les états mentaux sattviques, la sérénité, la douceur, la bonté, la paix intérieure, les pensées allant vers le Divin, etc...Ce travail est fait par l'intellect purifié, c'est à dire l'égo sattvique. On se sert de l'égo pour éradiquer les émotions négatives.  Quand une épine nous est rentrée dans la chair on peut se servir d'une autre épine pour la sortir. Ceci fait, les deux épines peuvent être jetées. Quand le mental est purifié il reste un égo sattvique à travers lequel transparaît le Réel, comme on peut voir quelqu'un à travers un voile translucide. Cet égo sattvique doit aussi s'éteindre pour qu'on puisse s'identifier au Réel. Car c'est une cage dorée qui vous lie encore par la joie, par la satisfaction d'être une personne pure et sainte. En général, c'est seulement par la grâce du Guru que ce dernier lien peut être rompu.
 
Q : Peut-on indirectement dissoudre l'égo sans passer par le contrôle des différentes couches mentales?
V : Oui, cela est possible mais dans ces cas les couches mentales se révèlent d'elle-même à mesure qu'on progresse. Par exemple, dans le chemin de la dévotion le but final est la dissolution de l'égo dans le Bien-Aimé; mais avant d'arriver à ce point final, de nombreux obstacles apparaîtront, et ces obstacles viendront d'un mental qu'il faudra apprendre à connaître et maîtriser.
   Dans le Karma-Yoga, on attaque d'emblée l'égo à sa racine. Cette racine est la croyance (fausse) que c'est 'moi qui agit'; 'c'est moi qui jouit des fruits de mes actions'. Il faudra se débarrasser de cette illusion en agissant simplement pour la joie d'un travail fait parfaitement, sans s'occuper des résultats. Etre indifférent au succès et à l'échec. Là encore, les obstructions produites par le mental nous forceront à le connaître et à le maîtriser. Dans la voie de la Connaissance en suivant la méthode indiquée par Ramana Maharshi, on s'attaque directement à l'égo en se posant le problème du 'Qui suis-je en réalité?' Mais avant de réussir à trouver la solution de ce problème, il faudra affronter la tempête du mental, le connaître et le maîtriser.



 
 La vérité est ce qui conduit à Dieu
***
Il n’est pas courant pour un gourou de conseiller aux esprits tourmentés qui se sentent fortement attirés par lui de s’abstenir de le rejoindre, de ne pas faire le voyage, d’abandonner l’idée de tout pélerinage.
Cet indice suffirait à lui seul à montrer en quoi Ramana Maharishi n’est pas un sage comme les autres.

Peu instruit, ayant peu lu, peu écrit, ce penseur est un extraordinaire Socrate indien. Il nous donne dans ses entretiens la plus fondamentale et la plus traditionnelle des conceptions indiennes du monde.

***
(Traduit d'après la version tamile de Bhagavan Shri Ramana Maharshi)

Selon les légendes hindoues, Dakshinamûrti
(qui signifie "manifestation sudique")
est Dieu ou Shiva manifesté sous la forme d'un adolescent.
Il est le divin Guru qui guide des disciples plus âgés que lui-même par l'influence silencieuse sur le Coeur.
Le nom est également scindé en Dakshina-amûrti et prend alors le sens de "Puissance Sans Forme".

Le Maharshi étant Shiva manifesté, le Divin Guru qui enseignait le Silence, fut donc identifié à Dakshinamûrti.

INVOCATION

Ce Shankâra qui apparut en tant que Dakshinamûrti pour donner la paix aux Grands Ascètes
(Sanaka, Sanandana, Sanat Kumara et Sanat Sujata),
qui révèla son état réel de Silence, et qui a exprimé la nature du Soi en cet Hymne, est établi en moi.

L'HYMNE
Celui qui enseigne par le silence la nature du Suprême Brahman, qui est un adolescent, qui est le plus éminent Guru, entouré des disciples les plus doués demeurant fermement en Brahman, celui dont la pose de la main signifie l'illumination, celui qui est de la nature de la béatitude, qui se délecte de soi-même, qui a une expression bénigne - c'est ce Père qui a forme de "manifestation sudique", que nous adorons.
A lui qui, par Mâyâ, comme en rêve, voit dans soi-même l'univers qui est en lui - telle une cité qui apparaît dans un miroir - (mais) qui est manifesté comme extérieur pour celui qui perçoit, au moment de l'éveil, son propre Soi Unique :
à lui, le Guru primordial, Dakshinamûrti, à lui cette adoration !

A lui qui, comme un magicien ou même comme un grand yogi, deploie, de par son propre pouvoir, cet univers indifférencié au début comme le germe dans la graine, mais différencié ensuite selon les conditions variées, de l'espace, du temps et du karma, posées par Mâyâ :
à lui, le Guru Dakshinamûrti, cette adoration !

A lui, dont la luminosité seule - qui est de la nature de l'existence - brille, pénétrant le monde objectif, qui est comme le néant ; à lui, instructeur de ceux qui le sollicitent par la formule "Tu es Cela" ; à lui qui, s'il est réalisé, il n'y aura plus de chute dans l'océan des existences ; à lui qui est le refuge des ascètes,
le Guru Dakshinamûrti, à lui cette adoration !

A lui, qui est lumineux comme la lumière d'une lampe installée dans un vase percée de nombreux trous ; à lui, dont la connaissance sort par l'oeil et les autres organes sensoriels ; à lui, qui resplendit en tant que "Je sais", et puis l'univers entier brille selon lui ;
à lui, l'immuable Guru Dakshinamûrti, cette adoration !

Ceux qui connaissent le "Je" en tant que corps, souffle, sens, intellect, ou Vide, sont abusés comme les femmes et les enfants, les aveugles et les sots, et ils parlent beaucoup.
A lui, qui détruit la grande illusion produite par l'ignorance ; à lui, qui enlève les obstacles à la connaissance,
le Guru Dakshinamûrti, à lui cette adoration !

A lui qui, au moyen de la pose de main signifiant l'illumination, manifeste à ses adorateurs son propre Soi qui brille à jamais à l'intérieur en tant que "Je", constamment, dans tous les états inconstants tels que la première enfance, etc., l'état de veille, etc. - à lui, dont l'oeil a la forme du feu de la connaissance,
le Guru Dakshinamûrti, à lui cette adoration !

Au soi qui, abusé par Mâyâ, voit en rêve et à l'état de veille, l'univers dans ses distinctions telles que cause et effet, seigneur et serviteur, disciple et maître, père et fils, à lui,
le Guru du monde, Dakshinamûrti, cette adoration !

A lui dont l'octuple forme est tout cet unviers mouvant et immuable, apparaissant en tant que terre, eau, feu, air, éther, soleil, lune et âme, à lui le Suprême, le tout pénétrant, au-delà duquel nul autre n'existe pour les chercheurs, à lui,
le gracieux Guru Dakshinamûrti, cette adoration !

Puisque dans cet Hymne l'état de Soi Universel a été ainsi expliqué, en l'écoutant, en réfléchissant à sa signification, en le méditant et en le récitant, il surgira une seigneurie en même temps que la suprême splendeur de cet état de Soi Universel.
A partir de là sera réalisé, à nouveau, le pouvoir prodigieux, sans obstacles, qui se présente sous huit formes.

 


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